Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

#10 Critique ciné : Mamma Mia! Here We Go Again (2018)

Publié le par Pauline Bérard

Alors qu'il est bientôt l'heure de reprendre le chemin de l'école, quoi de mieux que de voguer vers les îles grecques de Kalokairi et de se déhancher sur les airs entrainants de ABBA. C'est ce que proposait le "vrai" Mamma Mia!. Avec le retour du mythe sur le grand écran, l'idée était de revivre ce moment unique, de danser à nouveau sur Dancing Queen et de faire une piqure de rappel en 2018, pour les 10 ans du film à succès. Qu'en est-il de ce deuxième volet? 

Pourquoi Here We Go Again risque-t-il de vous AB(B)A-ttre?

"- C'est un titre d'ABBA ça?  -Un titre, oui. Pas un succès".

Dans une comédie musicale, la chose à ne pas rater c'est bien la bande originale. The Greatest Showman l'avait bien compris avec ses thèmes colorés, son orchestration dynamique et ses voix rythmées. Ici, les chansons choisies sont loin d'être des vrais tubes : elles sont décevantes. Les airs, pourtant bien écrits par le groupe pop suédois, sont les "mal aimés" des albums, vous savez, les chansons comprises dans le disque que vous avez acheté mais que vous n'écoutez que pour avoir bonne conscience avant de remettre pour la 7ème fois la piste 3 qui passe à la radio? Si les mélodies sont moyennes, le traitement du son déséquilibré assourdi l'accompagnement instrumental au profit de voix trop présentes. Seul point positif : la justesse et la performance des acteurs et plus précisément de Lily James, merveilleusement pulpeuse dans son rôle. Ceci-dit pour intégrer une comédie musicale, chanter juste, c'est la moindre des choses.

"- Euh, j'ai pas bien compris là, lui c'est Colin Firth jeune? Pas possible!"

Les musiques ne sont pas un succès...et le scénario... est loin d'être brillant.  Sophie, la fille de Donna morte il y a peu, décide de faire de la maison bleue iconique un hôtel. Vient se rajouter à cela l'adolescence mouvementée de Donna. En plus de multiplier les facilités scénaristiques (Donna trouve par hasard la maison vide et meublée sur une île carrément perdue et s'y installe tranquillement), le réalisateur construit son film entre flash-back incessants et superpositions d'histoires commune. Mamma Mia! 2 se donne, dès lors, des airs d'ode à la famille en mêlant 3 générations (voire 4).

La justification à ce mélange intergénérationnel fait intervenir une grand-mère inconnue au bataillon, caricaturalement interprétée par Cher,  qui descend invraisemblablement d'un hélicoptère perchée sur des talons argentés. Switchant grossièrement entre Donna (Meryl Streep) et le destin de Sophie sa fille, le scénario, à la base ambitieux, est desservi par une mauvaise orchestration des scènes. S'ajoute à cela un choix d'acteurs décevant. Il est par exemple impossible d'associer la version "jeune" des pères de Sophie tellement les acteurs s'opposent sur le physique. Enfin, la coordination BO/Scénario est grossière : tout est bon pour lier la musique à l'histoire, même créer des situations rocambolesques.

"Le ridicule ne tue pas...et heureusement."

Si vous êtes moqueur, ce film sera pour vous source de jouissance. Si vous êtes compatissants, alors, vous risquez d'avoir le coeur qui saigne. L'humour grossier (souvent situé sous la ceinture) crée le malaise et ce, dès les premières minutes. Vous aurez droit à la scène de l'université, où la directrice frétillant dans l'amphi est censée être hilarante. Mais vous aurez en plus une mise en scène de Waterloo (seule chanson connue d'ABBA) avec des baguettes de pains comme armes. Et vous assisterez enfin au show indécent de la grand-mère chantant Fernando  au propriétaire de l'hôtel qui, semble-t-il, a été son amant. Si c'est l'humour qui crée d'abord le malaise, ce dernier est palpable dans la performance des acteurs. Vieiillissant et boudinés dans leurs costumes, Pierce Brosnan et Stellan Skarsgräd sont maladroits et gauches. Seul Colin Firth parvient à rester digne. Impeccable et droit dans son costume, sa classe, même dans les situations les plus cocasses du film, est inébranlable. 

114 minutes plus tard, il ne reste plus qu'à oublier cette oeuvre qui, avouons-le, parodie presque le premier opus de la série, pour re-regarder Mamma Mia!, le vrai, l'unique.!