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#16 Critique ciné : Parasite (2019)

Publié le par Pauline Bérard

Voilà deux longues semaines que j'attends pour enfin pouvoir parler de cette merveilleuse pépite réalisée par Bong Joon-Hoo, ce chef d'oeuvre sud-coréen qui remportait il y a environ quinze jours la Palme du Festival de Cannes. Nombreux sont les articles parus à son sujet. France Culture se demandait d'ailleurs hier matin si Parasite n'allait pas devenir la deuxième palme la plus populaire après Pulp Fiction. Entre fable didactique et étude sociologique, en quoi Parasite est-il politique?

Déjà, c'est l'histoire d'un conflit. Et d'un conflit entre classes sociales. Alors forcément, c'est politique. D'un côté: les Ki-Taek, une famille très pauvre, au plus de bas de l'échelle sociale. De l'autre: les Park, une famille tout en haut. Les deux sont à l'opposé, et pourtant...elles vont se rencontrer. Le fils de la première famille va s' "infiltrer" par l'intermédiaire d'un ami dans l'immense demeure des Park. L'idée de lutte, de miroir, de confrontation domine dans tout le film. Le réalisateur affirme d'ailleurs avoir lu des textes sociologiques avant de réaliser son oeuvre. Et ce n'est pas la première fois qu'il s'ancre dans une réalité sociale. Effectivement, tous ses films précédents peuvent être qualifiés de films socio-politiques: je pense notamment à Snowpiercer, le Transperceneige, s'allient lutte contre le changement climatique et métaphore d'une société hiérarchisée, enfermée dans un train où se soulève la strate sociale correspondant au dernier wagon. Dans Parasite, on retrouve cette sociologie, mais n'oublions pas que le film est un thriller...débute dès lors, un scénario au rythme sacadé, aux retournements merveilleusement orchestrés.

Entre rire et sursauts, les séquences sont prenantes et le message est magistralement illustré. Effectivement, la technique vient souligner l'argumentaire du film. Exemple: pour montrer l'opposition entre les deux mondes et la hiérarchie, la maison des Ki-Taek est en sous-sol, tandis que celle des Park est surélevé sur une colline. Astucieux non? La mise est scène est donc calculée, au milimètre et les minutes comptées: on ne s'ennuie à aucun moment et chaque scène apporte un élément utile à la compréhesion du scénario et du message. Je dirais que le film est inclassable, presque hybride: il passe par tous les genres. Thriller. Comédie burelesque. Satire. Horreur. Ces sauts d'un genre à l'autre le rendent singulier. En opposition avec la simplicité de son scénario, sa réalisation est vertigineusement complexe et profonde. Pas de toute, le film entre film mainstream et de genre, mérite amplement sa palme: drôle, terrifiant et triste, il est  bouleversant... et unique!

La réception du film est tout aussi intéressante à analyser et laisse imaginer une stratégie presque politique. La communication à propos de ce dernier depuis mercredi connait un succès extraordinaire. Les médias se déchainent et les critiques positives, elles, s'enchainent : une stratégie pour ouvrir le public au cinéma asiatique? Peut-être...et si c'est le cas...TANT MIEUX!